Une fois que vous êtes parvenu au fait que votre vulnérabilité est votre force,
vous êtes responsable – Kristin Linklater
J’ai toujours été en recherche de transformation et d’évolution dans mon métier d’actrice : comment « Être » plutôt que « Faire », comment devenir un être plus « sensible », comment être plus au service de l’auteur et de sa pensée. Pour moi un acteur véritable est celui qui parvient à me transporter avec lui dans ce qu’il vit, pense et ressent. Quelqu’un qui, grâce à la richesse de son être, se laisse transporter par l’inspiration et par la vérité. Un être qui accepte sa vulnérabilité.
J’ai découvert grâce au travail de la Voix qu’elle est le reflet de l’Être. Et lorsque l’être est libre de toutes tensions physiques, psychologiques et émotionnelles, il exprime toute la gamme de ses pensées, de ses émotions et de ses humeurs. Un acteur véritable a besoin d’avoir accès à cette liberté s’il veut toucher le public. Il a besoin d’aller à la rencontre profonde de lui-même pour laisser jaillir ces parcelles authentiques et sensibles.
En travaillant sur la voix, l’acteur se rencontre lui-même. La voix et l’acteur se dénouent, se détendent, se déploient, se simplifient vers l’essentiel et s’enrichissent. L’acteur a alors accès à une source d’inspiration infinie, vaste et subtile : son jeu devient palpable, concrète, vivante. La voix porte alors ce « jeu vivant et sensible» au-delà de l’acteur lui-même, vers l’«autre ».
C’est, selon moi, ce que décrit superbement Peter Brook :
Lorsque je débutais à Stratford, on attendait de l’acteur de la belle diction, de la résonance, du volume. S’ils s’y conformaient, on leur disait que les mots parleraient d’eux-mêmes.
Ce n’est que longtemps après que naquit la notion que les acteurs devaient dénicher la réalité des personnages et la vérité humaine que renfermaient les mots de Shakespeare, en attendant que la main pensante et sensible entre dans le gant. – « La qualité du pardon », de Peter Brook, traduit par Jean-Claude carrière, Editions du Seuil, Avril 2014