(…) une voix dont je viens de prendre conscience, un corps qui vient de naître, de grandir, de respirer, de vivre, de bouger, de s’allonger, de se moduler et d’exister…

C’est assez difficile de coucher sur papier une expérience aussi forte que ce stage mais j’ai vraiment envie d’essayer parce que je suis ressortie de ces cinq jours de travail avec énormément d’envies. Chamboulée aussi, avec un corps, une pensée et une moi réorganisée, ouverte et complète.

Pour commencer, je m’appelle Miya, j’ai 15 ans et j’entame ma deuxième année d’art dramatique au Conservatoire. C’est dans ce cadre que j’ai eu l’occasion de me lancer dans ce stage, sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Mon professeur de théâtre avait laissé entendre que cette expérience était réellement marquante et importante à vivre mais j’avais énormément de mal à me l’imaginer. La voix était pour moi quelque chose de tellement flou, secondaire et réservé… à ne surtout pas imposer.
Et voilà qu’assez rapidement, je me suis laissée emporter dans ce travail en totale confiance, en allant de surprises en émerveillements pour cette méthode, pour Isabelle et parfois aussi pour les choses que je me découvrais capable de faire. Lorsque je parlais plus haut des envies et des changements que cette presque semaine à fait naître en moi, c’est quelque chose qui n’est pas anodin et qui résonne vraiment très fort en moi. Personnellement bien sûr. Mais aussi dans ce que j’ai envie de donner sur une scène et dans, j’espère, mon futur métier.

J’ai traversé une période assez longue et angoissante d’anesthésie. Des émotions inexistantes, des désirs freinés qui avaient perdus leurs sens et une immense sensation de vide qui a été très dure à supporter.
Je suis quelqu’un de très sensible. Quelqu’un qui s’énerve, qui éclate de rire ou qui fond en larmes. Quelqu’un qui a envie d’exprimer certaines choses et de les partager je crois. Et tout à coup, cette partie de moi semblait s’envoler et je me retrouvais face à des pensées poubelles envahissantes.

Et c’est principalement ici que tous ses exercices ont agi pour moi, une libération de toutes ses sensations dont je n’avais encore jamais eu conscience, de cette moi qui ne voulait pas prendre de place, pas déranger ou correspondre à des attentes.
Faire place à une moi plus entière, moins féminine et moins propre peut-être. Moins discrète mais plus confiante. Une personne que je viens de découvrir, une voix dont je viens de prendre conscience, un corps qui vient de naître, de grandir, de respirer, de vivre, de bouger, de s’allonger, de se moduler et d’exister dans un espace.
Et je pense pouvoir amener ses choses nouvelles sur une scène. Ses tonalités graves que j’ai trouvées, une assurance un peu plus grande, un corps avec plus de possibilités et de libertés. Un corps que je ne subis plus.
Il reste évidemment beaucoup beaucoup de travail et d’entrainement, rien n’est jamais acquis mais ses sensations nouvelles qui me traversent entièrement sont là et je sais qu’elles peuvent exister si j’accepte de les laisser sortir et si je parle avec elles.

Je voulais remercier Isabelle le plus sincèrement du monde, je suis sûre qu’elle lira ce témoignage donc je te le redis encore une fois : un grand grand merci.
J’espère vraiment faire monter cette nouvelle moi sur scène et accepter de me sentir libre et accepter par d’autres dans le jeu. Parce que j’ai fait un bout de ce chemin de mon côté et je crois que maintenant, moi et moi, on est plutôt en bons termes.

Miya Péchillon, Eudiante en art dramatique.